Comment la vie avec enfants change notre intérieur
Si Marie Kondo elle-même avoue que le bonheur ne provient pas d’une maison bien rangée, nous avons enfin reçu la permission officielle de redescendre dans ce que j’appelle “la réalité des choses”. Étant une fan de la première heure de sa méthode développée dans “La magie du rangement”, traduite et publiée en France en 2014, je me suis souvent posée une question : Comment ce système de rangement tient ses promesses dans une vie de famille ?
J’ai toujours adoré l’ordre dans son vrai sens du terme. Une maison en ordre me donnait l’impression que toute ma vie était “en ordre”. Si j’étais contrariée, énervée et que plus rien n’allait, ranger l’intérieur de mon appartement jusqu’à ce que tout brillait à la perfection ou faire le tri de tout ce qui était inutile me provoquait une sorte de super pouvoir pour apaiser mon intérieur personnel. Comme si on était capable de tout remettre en ordre grace à un seul coup d’éponge.
Le propos de Marie Kondo en 2014 résonnait alors parfaitement en moi : ne garder uniquement ce qui nous rend heureux ou ce qui nous est utile. En se concentrant sur l’essentiel de sa vie, nous ne devrions plus perdre le focus sur ce qui compte pour nous et ce qui nous rend profondément heureux. Je soupçonne que les aficionados de Kondo ont dû tous constater que cette méthode présentait des failles. (Vous me comprenez, les perfectionnistes, cette philosophie du kurashi japonais a ajouté un nouveau défi quotidien à atteindre !).
Et comme toute sorte de tiraillement intérieur, il a surgis à la surface encore plus fortement depuis que j’ai un enfant !
Apprendre que nous ne sommes plus seuls
J’ai donc appliqué les conseils de rangement à la Marie Kondo en 2015, l’année où je venais d'emménager avec mon conjoint. J’ai tout de suite compris que l’enthousiasme n’était pas partagé. Je me suis rendue heureuse toute seule en laissant de côté les affaires qui ne m’appartenaient pas.
Nous avons déménagé en 2017 dans une plus grande maison, puis notre fille est arrivée en 2018.
Entre les couches à changer et le jardin à entretenir qui poussait à la même vitesse que notre fille, le rangement était devenu une obligation, un poids du quotidien. La question du bonheur, je ne me la posais plus quand je voyais les jouets traîner par terre et le panier à linge déborder…
Il m’a fallu beaucoup de temps avant de comprendre qu’il fallait trouver une nouvelle méthode. Celle qui participe au bonheur de vivre à trois.
Réapprendre ce qui compte vraiment
Marie Kondo a dû apprendre également la leçon de tout parent : la perfection est une illusion et non pas une question de bonheur, même dans un placard. (Les perfectionnistes, lisez cette phrase une deuxième fois !) Avec l’arrivée d’un enfant, je n’ai plus eu besoin de faire du tri pour comprendre ce qui est essentiel pour moi.
J’ai appris que désormais, j’ai juste besoin d’écouter ce qui se passe à l’intérieur (de moi) plutôt que d'essayer de le ranger.
Adapter sa vie pour ses enfants et pour soi-même
Malgré les changements dans une vie de parent (comme celle de Madame Kondo), nous ne devrions pas renoncer entièrement au concept du rangement. Que pourrions-nous garder de ces idées initiales ?
Ceux qui ont intégré un système de rangement dans leur armoire ou dans leur cuisine profitent sûrement des bénéfices. Quand à chaque chose est dédiée une place précise, il y a de fortes chances que cet espace reste bien rangé, car ceci ne permet pas d’installer les choses ailleurs.
Dès qu’il y a une vraie organisation, une stratégie si vous voulez, nous allons certainement profiter d’un bénéfice. Ceci n’est pas obligé de changer avec l’arrivée d’un enfant.
Par contre, nous devons gagner en souplesse quand il s’agit de garder un salon toujours dans un état présentable, être à jour dans le pliage du linge propre etc… à chacun ses batailles !
Comment créer un intérieur adapté aux enfants ?
Personnellement, j’ai pu trouver un arrangement sur un tas de choses et accepter des compromis sur la question d’une maison rangée. Mais, adapter sa vie pour ses enfants ne signifie pas pour moi un laissez-faire au seul bonheur des enfants. Ma fille a appris que toucher à la plante verte posée par terre était interdit, ou qu’on ne jette pas par terre la bougie qui décore la table basse.
Pour que chaque membre de la famille y trouve son compte, créer un espace où chacun peut s’exprimer (s’étaler ?) librement serait peut-être la solution idéale. Si l’habitat ne le permet pas, un petit coin où l’enfant sait que c’est son royaume est déjà suffisant : c’est ici où il joue, il n’est pas obligé de ranger tout de suite. Et les parents ? Souvent, un coin de lecture, avec des livres parfaitement rangés (si cela nous rend heureux) ou notre bureau de télétravail minimaliste peuvent être bien apaisants - en tous cas pour les amateurs du rangement !